origine

Mon projet d’écriture de la LSF trouve son origine dans cette citation :


« Il n'y a que deux systèmes d'écriture :

  1. le système idéographique, dans lequel le mot est représenté par un signe unique et étranger aux sons dont il se compose. Ce signe se rapporte à l'ensemble du mot, et par là, indirectement, à l'idée qu'il exprime. L'exemple classique de ce système est l'écriture chinoise.
  2. le système dit communément "phonétique", qui vise à reproduire la suite des sons se succédant dans le mot».
    Saussure, Ling. gén.,1916, p. 47.

Il suffit de remplacer le mot sons par signes gestuels pour comprendre ma démarche. Mon hypothèse de travail était que cette phrase de Saussure pouvait s’appliquer non seulement aux langues orales mais aussi aux langues signées.

Il s’agissait donc pour moi de trouver une écriture réellement idéographique, c’est-à-dire n’ayant absolument pas pour objectif de décrire les signes en fonction des paramètres définis par Stockoe par exemple (configuration, position, orientation…).

écrire ou ne pas écrire la lsf ?

C'est la question...

 

Le nombre des langues parlées dans le monde varie, selon les sources de 3000 à 5000. Peu importe le chiffre précis... Ce qu'il faut savoir c'est que quelques centaines à peine de ces langues parlées à travers le monde sont pourvues d'une écriture de communication.

 

On peut donc légitimement se poser la question de l'intérêt (ou pas) d'écrire la LSF ou les langues signées de façon plus générale. En tout état de cause, les personnes les mieux placées pour répondre à cette question sont les sourds eux-mêmes !  Pour ma part, vous l'avez compris, je suis évidemment pour et pour plusieurs raisons que je pourrai développer ultérieurement. Mais, je ne suis pas sourd ! Alors...

les systèmes actuels

Le but de cet article n'est pas de faire un inventaire exhaustif de tous les systèmes d'écriture des langues des signes existant actuellement. On lira avec profit sur ce sujet le texte "FINALITES ET ENJEUX LINGUISTIQUES D’UNE FORMALISATION GRAPHIQUE DE LA LANGUE DES SIGNES FRANÇAISE (LSF)"  de Dominique Boutet et  Brigitte Garcia publié dans le n°7  de la Revue GLOTTOPOL de janvier 2006.

 

Parmi tous ces systèmes, deux se distinguent par leur volonté de proposer une écriture de communication permettant un véritable échange entre deux ou plusieurs personnes. Ce sont le Sign Writing de Valerie Sutton et le D'Sign de Paul Jouison. D'autres sont des systèmes destinés à la notation des signes standards, d'autres enfin sont créés par des linguistes et sont destinés à la recherche. Ils n'entrent pas dans le cadre de notre réflexion. Malgré tout, le point commun de tous ces systèmes, me semble-t-il, est qu'ils ont tous été "inspirés" par les travaux de William Stockoe sur les paramètres de l'ASL (American Sign Language).

 

De ce fait, tous ces systèmes sont des systèmes descriptifs qui ont pour objectif de permettre au lecteur de reconstituer le signe standard correspondant à la notation. Tous ces systèmes sont d'un grand intérêt mais doivent résoudre trois problèmes majeurs :

  1. l'extrême variabilité des signes standards d'un région à une autre
  2. l'impossibilité de noter des situations de communication n'utilisant pas les signes standards
  3. l'extrême complexité de leur saisie informatique.

 

Ce sont toutes ces raisons qui m'ont incité à réfléchir à une méthode d'écriture idéographique rendant le signifiant écrit indépendant du signifiant signé...

quels idéogrammes ?

Après avoir testé plusieurs possibilités,  j’ai finalement choisi d'utiliser les idéogrammes chinois en raison des possibilités infinies qu’ils offrent ainsi que pour la facilité de leur saisie informatique.

 

Il faut bien noter qu’il ne s’agit là que d’emprunter des idéogrammes et de les associer aux signes LSF. Toute connotation de leur langue d’origine disparaît au bénéfice d’éventuelles connotations des signes LSF. De même la grammaire et la syntaxe de la langue chinoise ne jouent ici aucun rôle…